L'Union ukrainienne d'Helsinki pour les droits de l'homme est l'une des organisations qui enregistrent les crimes de guerre commis par la Russie en Ukraine, mais c'est aussi l'une des rares, et peut-être la seule, à constituer une base de données détaillée sur ces crimes. Certains de ses employés tiennent un registre quotidien des événements dans différentes régions d'Ukraine, tandis que d'autres rencontrent les victimes, les parents des personnes tuées et capturées pour enregistrer leurs récits.
The Village Ukraine a interrogé Oleksandr Pavlichenko sur les types de crimes de guerre les plus complexes enregistrés par ses collègues, sur les spécificités de la base de données sur les crimes de guerre et sur la possibilité de traduire en justice les hauts dirigeants de la Fédération de Russie.
A propos des données provenant des territoires occupés
Nous recevons des informations sur les territoires occupés de différentes sources. Il s'agit souvent de contacts personnels de nos employés qui ont récemment évacué ces régions. Nous nous efforçons de dresser le tableau le plus objectif possible des crimes commis, et notre objectif ambitieux est d'inclure dans la base de données au moins 80 % de tous les faits criminels établis.
La base de données collectée par nos documentalistes a été présentée à un représentant de la Cour pénale internationale. Elle est ouverte à la consultation et à l'utilisation par les représentants de cette instance.
Cette base de données permet de voir le lien entre différents types de crimes, de rechercher des criminels qui ont commis des crimes dans différents endroits, voire dans d'autres pays, par exemple en Syrie ou dans d'autres pays. Ces données sont, bien entendu, confidentielles et protégées. Elles contiennent beaucoup d'informations personnelles, c'est pourquoi nous utilisons un système de protection spécial.
Sur les types de crimes de guerre les plus complexes
Les crimes les plus complexes sont ceux qui impliquent l'utilisation de la violence, y compris la violence sexuelle. Dans ces cas, il est très difficile de traduire les auteurs en justice et, avec le temps, cette possibilité ne fait que diminuer, car les preuves se perdent. En outre, les victimes sont dans un état psychologique difficile et n'ont guère envie de signaler ces cas à la police. Il est très difficile de rassembler des documents et des preuves sur ce qui s'est passé il y a cinq ou six mois. Il s'agit d'un crime stigmatisé, et peu de personnes veulent s'identifier comme victimes de tels crimes.
Parfois, lorsque nous recevons des informations sur des cas possibles de tels crimes, nous envoyons la police auprès des victimes présumées, qui ne confirment pas les faits de violence sexuelle possible. Cela est dû à la fois à l'insécurité de la victime et au manque de motivation à signaler le crime et à le revivre.
Parfois, lorsque nous recevons des informations sur des cas possibles de tels crimes, nous envoyons la police auprès des victimes présumées, qui ne confirment pas les faits de violence sexuelle possible. Cela est dû à la fois à l'insécurité de la victime et au manque de motivation pour dénoncer le crime et le revivre.
S'il existait un système de réadaptation physique et psychologique efficace pour ces victimes, nous pourrions découvrir davantage de faits cachés sur ces crimes et avoir une vision objective de la situation. Cependant, plus le temps passe, plus les chances d'établir de tels faits s'amenuisent.
La plupart des rapports qui nous sont adressés concernent la destruction de biens à la suite de bombardements. En règle générale, nous aidons à l'enregistrement des procédures pénales, ce qui permet à une personne d'obtenir le statut de victime, afin qu'elle puisse compter sur une indemnisation à l'avenir. C'est bien sûr plus difficile dans les territoires non contrôlés, lorsque les personnes dont les biens ont été détruits ne peuvent pas enregistrer correctement le fait de la destruction.
18.10.2022
